Un livre historique abusé par un nationaliste assyrien de Malines

Introduction

Le 27 février 2024, un nationaliste assyrien de Malines publie sur les réseaux sociaux un message dans lequel il annonce avoir écrit une lettre. Dans la lettre, il fait référence à un document joint. Dans ce document, du moins selon lui, le Vatican s’exprimerait sur l’origine des Assyro-Chaldéens modernes et soulignerait qu’ils sont les descendants des anciens Assyriens. Selon lui, c’est une position claire du Vatican.

Voilà pour les informations contextuelles qui nous ont incités à enquêter sur ce document. Nous effectuons pour ainsi dire une vérification des faits.

 

Un examen plus attentif du document en question révèle ce qui suit :

  • Le texte original en italien a été délibérément mal traduit en anglais.
  • Une phrase importante du texte n’est délibérément pas traduite.
  • Le texte fait partie d’un livre de statistiques du Vatican et a été complètement sorti de son contexte.

 

Ci-dessous l’analyse :

Tout d’abord, il est important de savoir que l’auteur du texte original était un prêtre qui voulait retracer à grands traits l’histoire ecclésiastique de l’Église chaldéenne et n’avait aucune intention d’écrire quoi que ce soit sur l’appartenance ethnique des Chaldéens, encore moins de prendre position sur cette question au nom du Vatican. Il est également important que la phrase mal traduite ou incomplètement ne soit pas une déclaration de l’auteur.

Le texte en question n’a aucun caractère doctrinal, ne contient pas de déclaration historique sur une ethnie et ne constitue pas une position du Vatican.

Délibérément mal traduit

Ce qui saute aux yeux, c’est que le texte original italien (voir image 1) n’a pas été entièrement traduit correctement en anglais.

L’expression « almeno in parte » signifie « au moins en partie ». La traduction anglaise devrait être : « at least partly ». Cependant, il a été traduit par « last in part », ce qui reflète un tout autre sens, à savoir : « en partie le dernier ».

Il s’agissait d’une erreur de traduction délibérée, car l’accent était mis sur  « last », qui s’appliquerait aux « derniers descendants ». Cependant, dans le texte italien, il n’y a aucune mention du mot « dernier ».

Cela semble être une petite différence, puisqu’il s’agit d’un seul mot, mais la différence entre la traduction incorrecte et la traduction correcte est immense quand on visualise le motif du traducteur, à savoir essayer de montrer qu’il s’agit d’un peuple qui est le dernier descendant des anciens Assyriens. et pas du moins en partie comme le suggère le texte.

Attention, cela ne dit rien sur la fiabilité de ces informations, mais montre déjà que le traducteur abuse délibérément le texte.

 

Texte italien original :

Oggi, si dànno volentieri a se stessi l’appellazione di « Assiro-Caldei », e davvero non si puo negare che siano almeno in parte i discendenti degli antichi Assiri, dei quali riproducono spesso il tipo etnico, ben conosciuto.

 

Texte mal traduit :

Today, the name they willingly give themselves is “Assyrio-Chaldeans”, and it really cannot be denied that they are last in part the descendants of the Ancient Assyrians.

 

Traduction française correcte :

Aujourd’hui, ils aiment s’appeler « Assyro-Chaldéens ». « , et on ne peut vraiment nier qu’ils sont au moins en partie les descendants des anciens Assyriens, dont ils reproduisent souvent le type ethnique bien connu.

image 1

 

Délibérément incomplètement traduit

Comme on peut le lire, dans la traduction anglaise un point est placé après « the ancient Assyrians », tandis que dans le texte italien il n’y a pas de point, mais une virgule suivie d’une phrase non sans importance. L’expression « dei quali riproducono spesso il tipo etnico, ben conosciuto » signifie « dont ils reproduisent souvent le type ethnique connu ».

Pour comprendre cette phrase, nous devons nous concentrer sur le verbe « reproduire ». Ce verbe peut avoir les significations suivantes : « imiter », « procréer » ou « se multiplier ».

Dans ce contexte, le sens « imiter » s’applique car il est suivi de «souvent le type ethnique bien connu»

 

Deux choses doivent être notées ici :

1) Un texte ne doit jamais être traduit de manière incomplète, car le contexte ne serait alors pas reflété correctement. On peut dire que l’on n’a traduit qu’une partie pertinente du texte, mais il s’agit d’une phrase qui n’a pas été entièrement traduite, ce qui rend de toute façon la traduction peu fiable.

2) Il faut se demander pourquoi la phrase complète n’est pas traduite. L’auteur du texte italien veut préciser que ceux qui voulaient alors s’appeler Assyro-Chaldéens imitaient souvent le type ethnique bien connu des « Assyriens », dans le sens où il n’existait plus, mais jouissait d’une certaine renommée historique et ils voulaient lui redonner vie. Comme vous le remarquerez, cette phrase omise donne une tournure complètement différente à l’histoire.

 

Sorti de son contexte

Nous parlons ici d’un livre statistique élaboré par la Congrégation pour les Églises orientales (voir image 2). Il s’agit d’un département (sorte de ministère) du Vatican qui a été fondé en 1917 et qui a depuis été remplacé par le Dicastère pour les Églises orientales.

Ce livre a été compilé par plusieurs personnes dans le but de recueillir des informations sur les différentes Églises orientales qui étaient alors unies à l’Église catholique romaine (voir image 3). L’Église chaldéenne a également été évoquée.

Cependant, ce livre n’a pas pour objectif de fournir des informations sur les différentes ethnies de ces communautés ecclésiales, ce n’est tout simplement pas le cas.

Par ailleurs, l’écrivain précise très clairement que ce n’est pas le Vatican qui donne le nom d’« Assyro-Chaldéens », mais « ceux qui veulent s’appeler ainsi aujourd’hui » et « ceux qui veulent reproduire le type ethnique connu ».

Comme les lecteurs le remarqueront en outre, il n’y a aucune autre mention des Assyro-Chaldéens dans ce livre, sauf dans la phrase pertinente, qui a été délibérément mal traduite et incomplètement traduite par le traducteur (Doc. 1). Le livre continue en parlant des statistiques des Églises orientales avec des notes historiques dans le contexte de leur histoire ecclésiale.

Bref, la phrase en question ne doit pas et ne peut pas être lue dans son intégralité comme une position du Vatican, ni comme une déclaration de son auteur.

 

image 2

 

image 3

 

Doc. 1 

 

Assyro-Chaldéens

Un autre fait important à prendre en compte ici est la période à laquelle ce livre a été publié, à savoir en 1932. L’idée d’un lien ethno-culturel avec l’ancien empire assyrien trouve ses origines au XIXe siècle, plus précisément après les fouilles archéologiques britanniques dans la région du nord de l’Irak (plus d’informations à ce sujet dans l’article le nationalisme assyrien). À partir du XXe siècle, cette idée a été utilisée pour promouvoir une région chrétienne assyrienne autonome en Irak. C’est pourquoi l’auteur de ce texte déclare aussi clairement : « Aujourd’hui, ils aiment s’appeler Assyro-Chaldéens ».

Nous pourrions discuter de ce que l’écrivain entend par « ils ». Par souci de clarté, nous pouvons dire qu’« ils » ne peuvent pas faire référence aux Chaldéens de l’Église catholique chaldéenne, car si tel était le cas, ils auraient simplement appelé ainsi le nom de leur Église, ce qui n’était pas le cas.

« Ils » font plutôt référence aux nationalistes assyriens qui travaillaient à l’époque pour une région chrétienne assyrienne autonome en Irak. Il s’agissait des chrétiens de l’Église d’Orient qui n’étaient pas devenus catholiques au cours des siècles précédents.

Pour renforcer cet objectif, les nationalistes recherchaient l’unité avec les Chaldéens catholiques. Dans ce but, le terme « Assyro-Chaldéens » avait été créé unilatéralement sous l’influence politique britannique et française. Ce terme servirait à désigner les Chaldéens catholiques et les soi-disant chrétiens « assyriens » non catholiques (à cette époque, il n’y avait même pas de mention de l’Église assyrienne).

Ce que l’on oublie souvent, c’est que les chrétiens non catholiques, qui depuis lors ont commencé à s’appeler Assyriens, se sont également identifiés comme Chaldéens jusqu’au XXe siècle.

Aujourd’hui, le terme Assyro-Chaldéens n’est pas destiné à créer une unité, mais plutôt à indiquer clairement qu’Assyro représente l’ethnie assyrienne et les Chaldéens l’Église chaldéenne. On peut dire ici qu’ils en ont fait un contradictio in terminis (du latin « contradiction dans les termes »).

Pour être clair, le traducteur avait également l’intention de relier le terme Assyro-Chaldéens aux anciens Assyriens au moyen de ce texte de propagande délibérément mal et incomplètement traduit.

 

Origine du nom Église Chaldéenne

Le texte nous donne également des informations précieuses sur la façon dont le nom d’Église chaldéenne est né. Il est clairement indiqué que cela était basé sur leur langue parlée qui s’appelait le chaldéen. Sur cette base, le terme Chaldéens a également été utilisé pour distinguer ces chrétiens orientaux. Au contraire, un élément de preuve historique qui, selon les nationalistes assyriens, jouerait en leur faveur est la confirmation que le terme chaldéen n’a pas été réinventé par Rome.

 

 

Nationalisme assyrien

Le nationalisme assyrien, qui trouve ses racines entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, a clairement atteint son apogée au XXIe siècle. En l’absence de sources historiques fiables pouvant éventuellement servir d’arguments, les sources historiques sont ainsi exploitées à des fins de propagande.

Six contrevérités sur les Chaldéens

 

  1. L’identité chaldéenne a été imaginée ou inventée.

Un dictionnaire explicatif général nous enseigne que les verbes « imaginer » et « inventer » signifient que l’on invente ou imagine quelque chose de nouveau. Les Chaldéens sont un peuple sémitique de Mésopotamie dont les racines remontent à la préhistoire. Les « nationalistes assyriens » devraient le savoir, car c’est Nabopolassar, un roi chaldéen, qui mit fin à l’empire assyrien en 612 av. Aucun historien qui se respecte ne niera l’existence historique des Chaldéens en tant que peuple ethnique, car cela reviendrait à nier la lumière du soleil.

 

  1. Le nom chaldéen est un nom religieux.

L’Église catholique chaldéenne est une église en union avec Rome, et cette église maintient son propre rite chaldéen. Ce rite trouve ses origines dans l’Église d’Orient. Les Chaldéens professent une foi catholique et non une soi-disant « foi chaldéenne ». Le terme Chaldéen ne fait donc pas référence à une croyance religieuse, mais désigne un peuple ethnique qui existe encore aujourd’hui. Par exemple, le terme « grec » de l’Église orthodoxe grecque n’est pas un nom religieux, mais une référence à l’origine ethnique des Grecs. Les différentes confessions sont communément appelées catholiques, orthodoxes, protestantes, coptes, etc.

 

  1. Un Chaldéen est un Assyrien appartenant à l’Église catholique chaldéenne.

Compte tenu de ce que nous avons écrit dans la deuxième affirmation, il est clair que « Chaldéen » est un terme qui désigne un peuple et non une religion. Si l’on peut faire une distinction au niveau ethnique, on peut conclure qu’il est absurde qu’une personne puisse avoir deux ethnies, car une ethnie est une identité socioculturelle d’un certain groupe de population.

 

  1. Chaldéen est une désignation donnée par Rome au XVIe siècle aux catholiques convertis de l’Église d’Orient.

 

On ne peut pas nommer quelque chose ou quelqu’un qui existe déjà (voir affirmation numéro 1). Il est plus exact de dire que le nom Chaldéens était utilisé pour identifier les convertis catholiques de l’Église d’Orient. C’est pour la simple raison qu’ils se sont identifiés ainsi, sinon ils ne l’auraient pas accepté. La langue qu’ils parlaient s’appelait le chaldéen. Les chrétiens qui n’étaient pas devenus catholiques s’appelaient aussi Chaldéens jusqu’au début du XXe siècle. Ce n’est qu’au XXe siècle que le terme « Assyrien » a été réintroduit pour désigner un peuple, pour des raisons politiques.

La question logique que nous devrions poser aux nationalistes assyriens est la suivante : pourquoi ne se sont-ils pas appelés Assyriens au XVIe siècle si c’est ce qu’ils étaient de toute façon ? Ne savaient-ils pas qu’ils étaient Assyriens et ne l’ont-ils découvert que 2 500 ans après la chute de l’empire assyrien ?

 

  1. Les Chaldéens vivaient au sud de la Mésopotamie et les Assyriens au nord.

 

Il s’agit d’une théorie pratique que les « nationalistes assyriens » utilisent pour montrer que les chrétiens orientaux vivent dans le nord de la Mésopotamie (nord de l’Irak, sud-est de la Turquie) et ne peuvent en aucun cas être chaldéens.

Nous allons considérer tous les chrétiens d’Orient qui appartiennent à l’Église historique d’Orient. L’Église d’Orient a des racines géographiques dans le sud de la Mésopotamie (plus précisément dans l’ancienne Séleucie-Ctésiphon, près de l’ancienne Babylone et de l’actuelle Bagdad). Le siège de cette Église était situé dans cette ville dans les premiers siècles après le christianisme. Tous les chrétiens orientaux appartenant à cette Église formaient un seul peuple possédant une langue commune, répandu dans toute la Mésopotamie.

Il est donc impossible de dire qu’il y a eu une distinction fondée sur la géographie. De plus, il y a eu plusieurs moments dans l’histoire où ces chrétiens ont fui vers d’autres endroits de la région mésopotamienne à cause des persécutions. Les arguments géographiques postérieurs au christianisme sont inutiles à cet égard.

En savoir plus à ce sujet dans l’article: Chaldeéns en Mésopotamie du Nord

 

  1. Le terme « Suraye » vient de « Ashuraya ».

Ceci vise à montrer que tous les chrétiens du Moyen-Orient, connus sous le nom de « Suraya », sont des descendants ethniques des anciens Assyriens. Le terme « Suraye » fait référence aux chrétiens orientaux qui appartenaient à l’origine à l’église mère d’Antioche (alors située dans la province romaine de « Syrie ») et n’a donc rien à voir avec l’ancien empire assyrien. La zone assyrienne et la zone syrienne sont distinctes. De plus, la ville d’Assyrie ne se trouvait pas dans la région que nous appelons la Syrie. Les deux domaines sont toujours mentionnés séparément dans les livres d’histoire.

En savoir plus à ce sujet dans l’article: Suraye ne signifie pas Ashuraye

 

Conclusion

Chaque historien est libre de formuler n’importe quelle affirmation historique, mais après avoir formulé une affirmation, celle-ci doit être étayée par des preuves acceptables. L’historiographie est un travail délicat et analytique dans lequel on tente d’arriver à un récit de faits. Il faut considérer toutes les sources dans leur ensemble. Si nous omettons ici et là, à notre guise, quelques siècles ou retirons des textes hors de leur contexte, alors nous n’écrivons pas l’histoire mais nous falsifions l’histoire. Des motivations politiques jouent souvent un rôle à cet égard. C’est clairement le cas du nationalisme assyrien apparu après la Première Guerre mondiale.

Chaldéens en Mésopotamie du Nord

Introduction

En raison du conflit de noms entre les chrétiens orientaux, toutes sortes de théories sont émises dans le monde. Des théories formées par l’utilisation sélective d’informations historiques. De telles théories forment la base de discussions interminables et empêchent l’unité entre les groupes de la population chrétienne au Moyen-Orient.

L’une de ces théories que nous voulons discuter dans cet article est l’affirmation selon laquelle les Chaldéens, un ancien peuple sémitique, vivaient dans le sud de la Mésopotamie et les Chrétiens Chaldéens modernes du nord de la Mésopotamie ne peuvent par définition être Chaldéens. Les chrétiens vivant dans le nord de la Mésopotamie sont alors plus logiquement des  » Assyriens « , selon les « nationalistes assyriens » d’aujourd’hui, puisque l’Assyrie était située dans le nord de la Mésopotamie.

Dans cet article, nous laissons ouverte la question de savoir si les chrétiens mésopotamiens sont d’origine Chaldéens, Assyriens ou Araméens. Nous approfondirons le principe d’une telle théorie utilisée et les motifs qui la sous-tendent.

 

Géographie et migration

Tout d’abord, il est absurde de dire qu’il est impossible pour quelqu’un vivant dans le pays A d’avoir un lien avec le pays B. Les personnes qui osent le faire n’ont pas pris note du fait qu’il existe une  » migration humaine « , aussi connue comme « déplacement de population ».

Si nous devons suivre une telle théorie, la troisième génération de chrétiens chaldéens, assyriens ou araméens, qui vivent dans la diaspora, ne peut pas avoir un lien avec leur patrie.

Ils diront bien sûr que c’est traçable. C’est tout à fait vrai, mais la même histoire s’applique aussi aux anciens peuples. Cependant, pour le savoir, il faut être ouvert à toutes les informations historiques et ne pas procéder de manière sélective.

Selon les sources historiques, les anciens Chaldéens s’établirent vers 1000 av. J.-C. dans le sud de la Mésopotamie, avec la célèbre Babylone comme bastion. Mais comme beaucoup d’autres peuples, les Chaldéens ont aussi émigré.

Voici quelques arguments séparés qui montrent que la fausse théorie en question repose sur une hypothèse négligeable.

 

Déportation au 8e siècle avant J.-C.

Sous le règne du roi assyrien Sennacherib (705 av. J.-C. – 681 av. J.-C.), il y eut une bataille entre les Assyriens d’une part et les Elamites, Chaldéens et Araméens d’autre part. Dans ces batailles, Sennacherib remporta une victoire décisive et déporta 208 000 Chaldéens et Araméens au nord, plus précisément à Ninive. Cette information historique est mentionnée en akkadien sur le prisme de Sennacherib (tablette d’argile polyvalente), qu’on peut voir à l’Oriental Institute of Chicago[1]. Ce prisme est une découverte archéologique du colonel britannique Taylor en 1830 près de Ninive.

 

Néo-Babylone sous domination chaldéenne

L’Empire néo-babylonien a existé de 626 avant J.-C. à 539 avant J.-C. et a été gouverné par une dynastie chaldéenne. Cette dynastie chaldéenne avec le premier souverain Nabopolassar, avec les Mèdes, a fait tomber l’empire assyrien, dont le territoire a été pris. L’empire néo-babylonien s’étendait du sud de la Mésopotamie au nord de la Mésopotamie (Irak et sud-est de la Turquie) et comprenait le levant (Syrie, Israël, Liban, Jordanie). Les Chaldéens furent les derniers indigènes à gouverner la Mésopotamie. Bien sûr, cela ne serait pas possible s’ils n’étaient pas présents dans toute la Mésopotamie, y compris dans le nord.

 

Chrétiens de l’Église d’Orient (éta ed medenha)

L’Église de l’Orient était une Église puissante, à laquelle appartiennent les chrétiens chaldéens et assyriens modernes. Cette Église avait acquis son autonomie au Ve siècle après J.-C.

Au Synode de l’Église d’Orient en 424 après J.-C., il fut décidé que le métropolite de Seleucia-Ctésiphon pourrait être le seul chef de l’Église persane (Église d’Orient) et qu’il ne devrait donc y avoir aucune autorité ecclésiastique au-dessus de lui[2]. Dadisho, métropolite de Seleucia-Ctésiphon à l’époque, prit le titre de ‘Catholicus’ et devint ainsi le Patriarche’.

Seleucia-Ctésiphon était située au sud de la Mésopotamie, près de Babylone historique. Cette ville était un centre important pour les chrétiens de l’Eglise d’Orient. A partir de 775, le Patriarcat fut transféré à Bagdad en raison de ses relations politiques avec le Calife Islamique.

Ce fait montre que dans le sud de la Mésopotamie il y avait une présence significative des chrétiens de l’Eglise d’Orient. Il est impossible de dire maintenant que les chrétiens du sud et les chrétiens du nord étaient des peuples séparés, parce qu’ils étaient le même peuple, la même Église et la même langue.

Disons que tous ces chrétiens étaient des Assyriens (descendants des anciens Assyriens), alors comment est-il possible qu’ils étaient également présents dans le sud de la Mésopotamie? Car si nous devons suivre la théorie pertinente, les Assyriens vivaient au nord et les Chaldéens au sud et les Assyriens ne pouvaient pas vivre au sud, alors que les chrétiens dont nous parlons étaient également présents dans le sud et y avaient même leur centre.

 

 

Migrations dues à la persécution des chrétiens

Comme nous l’avons lu dans le paragraphe précédent, les chrétiens de l’Église orientale se sont répandus dans toute la Mésopotamie depuis le début du christianisme.

C’est tout à fait logique car, selon la tradition, dans toute la Mésopotamie, le christianisme a été évangélisé par les apôtres Mar Addai et Mar Mari, deux des fondateurs légendaires de l’Église d’Orient. Mar Addai aurait évangélisé dans le nord de la Mésopotamie et Mar Mari dans le sud.

Les chrétiens de Mésopotamie ont souvent été persécutés à cause de leur foi. Ils ont souffert de toutes les superpuissances non chrétiennes et sont encore souvent la cible de groupes extrémistes aujourd’hui.

Comme partout, une minorité persécutée réussit à s’enfuir, ce qui a également été le cas des chrétiens mésopotamiens. Il y a eu des moments où ces chrétiens ont fui dans toutes les directions. Il s’agissait toujours des mêmes personnes, quelle que soit leur situation géographique.

Pendant le règne des califes islamiques, le christianisme dans le sud a également subi plus de pression et l’Église d’Orient s’est développée très fortement dans le nord avec des diocèses supplémentaires[3]. Cela s’est reflété jusqu’au XXe siècle inclus dans la présence considérable des chrétiens de l’Église d’Orient dans le nord de la Mésopotamie.

 

Conclusion

Nous pouvons conclure que l’argument géographique des nationalistes assyriens est basé sur des informations sélectives et superficielles et est plutôt utilisé pour convaincre les chrétiens mésopotamiens d’une identité ethnique assyrienne. Une histoire de 2600 ans a été passée afin d’établir des liens directs avec les anciens Assyriens.

Cependant, les arguments ci-dessus montrent qu’on ne peut pas se fier uniquement à la géographie pour retracer les racines d’un peuple.

De plus, la distance géographique entre l’ancienne Babylone et Ninive n’est que de 700 km. Cependant, quand on utilise la théorie en question, on parle presque de deux mondes séparés.

Et pour renforcer encore plus cette théorie, on mentionne que les Chaldéens sont originaires de Bassorah, tout au sud de l’Irak. Plus dans le sud, plus la théorie semble convaincante.

Heureusement, la Mésopotamie borde le golfe Persique au sud, car qui sait d’où viendraient les Chaldéens selon ces nationalistes assyriens (lire aussi l’article Nationalisme assyrien).

[1] Luckenbill D., The Annals of Sennacherib, The University of Chicago Oriental institute publications Volume II, Chicago, 1924, 196 pages.

[2] Wilmshurst, D., The Martyred Church, A History of the Church of the East, East & West Publishing Ltd, Londen, 2011, 522 pages. Voir chapitre I.

[3] Wilmshurst, D., The Martyred Church, A History of the Church of the East, East & West Publishing Ltd, Londen, 2011, 522 pages. Voir chapitre III Chrétiens et musulmans.

Chaldéens en Belgique

Qu’ils s’identifient comme Chaldéens, Assyriens ou Araméens, ils ont tous une chose en commun: leur héritage liturgique et linguistique. Ce sont des chrétiens du Moyen-Orient (sud-est de la Turquie, Irak, Syrie, Iran) qui ont été victimes de la persécution et de l’oppression pour le bien de leur foi depuis le début du christianisme. Après tant de siècles, cela a assuré qu’ils ont fui leur patrie à grande échelle depuis le 20ème siècle et ont trouvé une nouvelle maison partout dans le monde.

 

Dans leur patrie, ils étaient des chrétiens appartenant aux, ce qu’on appelle, Eglises Syriaques,  mais une fois dans la diaspora, ils ont plus que jamais éprouvé la nécessité d’apporter leur identité ethnique à côté de leur identité religieuse et ecclésiastique. C’était parce que les gens voulaient se profiler comme un peuple. Il y avait un besoin de se représenter dans le monde entier, de sorte que, malgré la diaspora, on pouvait toujours rester connecté.

 

Ce sont des peuples qui n’ont pas été séparés de l’Église et de l’État parce qu’ils avaient une Église en tant que minorité, mais aucun État. Ce sont leurs dirigeants ecclésiastiques qui défendaient leurs intérêts et protégeaient leurs droits.

 

Cependant, la recherche de leurs racines ethniques a donné lieu à de nombreuses discussions au XXe siècle, au cours desquelles beaucoup de spéculations ont été faites sur leurs véritables ancêtres. Des liens ethniques ont été recherchés avec les anciens peuples mésopotamiens tels que les Chaldéens, les Araméens et les Assyriens.

 

Ce n’est pas parce qu’ils ne différaient que religieusement des grandes puissances sous lesquelles ils vivaient, mais parce qu’ils ne pouvaient pas s’associer au langage. Ils parlent une langue qui leur est propre et n’a aucun rapport avec les langues des grandes puissances (Perses, Arabes, Ottomans, Turcs), mais avec celles des anciens peuples mésopotamiens.

 

Ce sont en effet les continuations de ces peuples mésopotamiens, mais il est impossible de prouver scientifiquement aujourd’hui s’ils sont les descendants purs d’un seul de ces peuples. Cela a suscité beaucoup de débats et de désaccords sur la scène mondiale et est en fait devenu un tournant politique, ethnique et religieux sur lequel aucun consensus n’a été atteint.

 

D’un point de vue purement théorique, nous pouvons dire que les Chaldéens appartiennent à l’Église catholique chaldéenne qui s’est alliée à l’Église de Rome, tout en conservant son propre rite. Les Assyriens appartiennent en grande partie à l’Église assyrienne de l’Est et en partie aussi à la Vieille Église de l’Est et à certaines communautés protestantes. Les Araméens appartiennent à l’Église orthodoxe syrienne et syrienne-catholique.

 

En plus de ces Eglises, il y a quelques autres branches qui appartiennent aux Eglises syriennes, telles que l’Eglise maronite, l’Eglise melkite etc. Cependant, au début du 20ème siècle, il y avait des nationalistes qui voulaient mettre un nom sur tous ces groupes, à savoir le nom assyrien. Un nom qui est revenu à l’usage après des fouilles archéologiques dans le nord de l’Irak, au cours desquelles des cas spectaculaires de l’ancien Empire assyrien ont été découverts (milieu du XIXe siècle).

 

Ce nom a été propagé à grande échelle et a été accepté par beaucoup de ces chrétiens et était principalement utilisé par les Nestoriens Chaldéens (chrétiens de l’Église de l’Est qui n’étaient pas devenus catholiques). Plus tard, la branche non catholique de l’Église d’Orient a pris le nom d’Assyrien. Le nom Chaldéen, officiellement restauré depuis le XVe siècle, a perdu son caractère national et n’est utilisé que pour les chrétiens catholiques de l’Église chaldéenne.

La théorie est souvent utilisée que ‘Chaldéen’ est un mouvement religieux et qu’on est assyrien sur le plan ethnique. Une théorie qui n’est pas fondée et fait aussi partie de la propagande assyrienne. ‘Chaldéen’ n’est pas une religion, mais comme mentionné ci-dessus aussi l’identité d’un peuple ancien de Mésopotamie. Ce terme a été utilisé comme un label national pour le groupe de la minorité chrétienne en Mésopotamie qui a formé l’Église de l’Est. Des raisons historiques ont servi de base à la réutilisation officielle de cette identité ethnique.

Le nom araméen a été utilisé principalement par les chrétiens de l’Église orthodoxe syrienne en réponse au nationalisme assyrien, mais il a aussi de grandes raisons historiques.

 

Ce sont en effet des noms / identités ethniques des anciens peuples mésopotamiens. Aujourd’hui, les trois dénominations coexistent et, malheureusement, aucune des trois ne peut servir à désigner tous ces groupes. Simplement parce qu’ils ne sont pas acceptés les uns par les autres.

 

Cette histoire n’est pas différente en Belgique. Les gens que nous connaissons aujourd’hui comme des Assyriens sont en grande partie Chaldéens et Araméens / Syriens orthodoxes; en Belgique

En pratique, cependant, ils s’identifient comme des Assyriens pour la familiarité avec le terme ou à cause de la croyance qu’ils sont des Assyriens ethniques de l’ancien Empire assyrien (le nationalisme assyrien du 20ème siècle).

 

Le nom assyrien est propagé dans les régions néerlandophones (Anvers-Malines) de telle sorte qu’il est largement connu dans ces villes. Cependant, la contradiction de ce nom est grande, parce que les Chaldéens s’identifient dans la langue maternelle comme chaldéens (Keldaya) et non comme assyrienne (Atoraya).

 

La chose remarquable est que les chaldéens dans les régions francophones s’identifient comme chaldéens, à la fois dans sa langue maternelle (Keldayé) et en français (chaldéens).

Conflit de nom des chrétiens de l’Est

Introduction

 

Depuis la fin du 19ème siècle, les chrétiens de l’ancienne Mésopotamie, tels que les Chaldéens, les Araméens, les Assyriens, etc., sont confrontés à des conflits de noms qui ont persisté jusqu’à ce jour.

 

Ces conflits de noms ont toujours été le résultat de schismes et les conflits dans ce cadre ont évolué d’un contexte historique religieux à un contexte ethno-historique au 20ème siècle.

Il est important de savoir qu’il est difficile de prouver qu’un peuple d’aujourd’hui a un lien direct et pur avec un peuple historique d’il y a plus de 2000 ans et surtout quand, par le passé, différents noms ont été utilisés pour les gens d’aujourd’hui.

Pour être capable de prouver un tel rapport, on invoque des sources historiques. Certaines sources écrites, cependant, ne sont pas toujours basées sur la neutralité et nourrissent les gens avec des croyances qui ne correspondent pas à la vérité.

Cela garantit que les sources historiques se contredisent souvent et que des conflits se produisent de cette manière. Ce n’est pas différent dans le contexte du conflit de noms entre les chrétiens orientaux de Mésopotamie.

Le fait est qu’un litige a toujours deux versions, à savoir la version d’une partie et la version de la contrepartie.

Et bien qu’il n’y ait pas de consensus complet parmi les historiens dans cette histoire, il est recommandé d’afficher toutes les versions, car chaque version a un arrière-plan. Quand on connaît ce contexte, on peut aussi comprendre les motifs et placer l’histoire dans le bon contexte.

Le message ici est que l’on devrait voir ce nom en conflit à partir d’une position neutre et épurée dans tout son contexte et ne pas se fier uniquement à une source, qui peut ne pas avoir un caractère neutre.

Dans cet article, nous nous concentrons sur les noms Assyriens et Chaldéens.

 

Noms religieux

 

Depuis la naissance du christianisme, les chrétiens de la Mésopotamie vivaient sous la domination d’autres superpuissances non chrétiennes, telles que les Perses, les Arabes et les Ottomans.

 

Quand il y a des populations parmi ces superpuissances qui diffèrent de la langue, de la culture ou de la religion, elles parlent de groupes ethniques minoritaires, malgré leur nombre.

 

Une conséquence logique de ceci est que ces groupes de population sont nommés en fonction de ce qu’ils diffèrent. Dans le cas des chrétiens mésopotamiens, c’était leur foi et leur langue, car depuis le christianisme, ils ont été étiquetés comme chrétiens syriens (Syriens <-> Suraye), où Syrien réfère à la langue liturgique des églises auxquelles appartiennent ces chrétiens et non , comme beaucoup commencent à penser logiquement, dans le pays contemporain de la Syrie.Cette distinction a été faite par les superpuissances concernées sans attacher d’importance à l’origine ethno-historique de cette population chrétienne.De ce point de départ, plusieurs noms religieux sont apparus à la suite de schismes au sein du christianisme. En conséquence, l’identité ethnique de ce groupe de population a pour ainsi dire disparu des livres d’histoire.

 

Noms ethniques

 

Si nous jugeons que les chrétiens mésopotamiens étaient connus comme nestoriens, jacobites, syriens, etc. depuis le christianisme, et ainsi étiquetés, alors nous pouvons expliquer le contexte religieux, mais pas l’origine ethnique de cette population.

 

Que les chrétiens mésopotamiens ne se sont pas souciés de leur identité ethnique au cours des siècles après Christ, a beaucoup à voir avec leur conversion au christianisme et les développements ultérieurs.

 

Cependant, chaque personne a, outre une identité religieuse, aussi une identité ethnique, donc il y a la bonne question «Qui sommes-nous? ». Une question à laquelle nous avons reçu de nombreuses réponses au 20ème siècle, peut-être même trop dans le sens où c’est devenu un débat sans fin.

 

Aujourd’hui, les noms ethniques des Chaldéens, des Araméens et des Assyriens ont une origine religieuse, mais sont aussi indissolublement liés à un arrière-plan historique.

L’envie des chrétiens de Mésopotamie de redonner une touche ethnique à leur identité a souvent à voir avec leur diaspora.

Plus que jamais, les gens ont tendance à se profiler comme un peuple ethnique pour pouvoir se représenter dans le monde entier.

On se rend aussi compte qu’on ne descend pas des superpuissances sous lesquelles ils ont vécu pendant plus de deux mille ans et ont donc commencé à chercher leurs racines historiques.

Leur recherche aujourd’hui a cependant conduit à un débat sur lequel aucun consensus n’a été atteint dans le monde entier. Un débat largement influencé par le «nationalisme assyrien» [1] du XXe siècle.

 

Nestoriens et Jacobites

 

Nestoriens (Nestornayé)

Les chrétiens de l’Église d’Orient, connus à l’époque sous le nom de nestoriens, n’ont jamais vraiment été nestoriens[2].

Nestorius, un patriarche de Constantinople du 5ème siècle, a été déporté et exilé pour ses vues christologiques.

L’Église d’Orient a, depuis le 5ème siècle, suivi largement les conceptions christologiques de Théodore de Mopsuestia, mieux connues sous le nom du diphysisme . Les visions de Nestorius s’y appuyèrent de sorte qu’on nommait les chrétiens de l’Église d’Orient ‘Nestoriens’. Un nom « hérétique » avec lequel ils n’ont pas eu de difficulté.

Ainsi, le nom nestorien a évolué d’un surnom religieux à une dénomination d’une population chrétienne. Ce nom n’a donc aucune origine ethnique.

Jacobites (Jakobayé)

Tout comme le nom Nestorien, le nom Jacobite est un nom religieux qui n’a aucune origine ethnique.

Les chrétiens jacobites étaient des chrétiens qui suivaient les enseignements de Jacobus Baradaeus, métropolite d’Edessa et grand défenseur du miaphysisme .

Ce nom est aussi le résultat de différences christologiques au sein de l’Eglise. Aujourd’hui, les Jacobites sont connus sous le nom de chrétiens syriens orthodoxes et syriens-catholiques.

 

Chaldéens (Keldayé)

 

On dit souvent que le nom Chaldéen est un nom religieux pour les chrétiens de l’Église d’Orient qui se sont alignés avec l’Église de Rome au 15e siècle.

 

Compte tenu de ce qui a déjà été dit dans cet article, on peut conclure que cette affirmation ne peut pas être correcte.

 

Les Chaldéens qui se sont unis avec Rome à l’époque sont devenus catholiques, tout en conservant leur propre rite, à savoir le rite de l’Église d’Orient.

 

Si ‘chaldéen’ était un mouvement religieux, l’alliance avec l’Église de Rome n’aurait jamais existé.

 

Ce qui s’est réellement passé dans cette alliance avec Rome, c’est que les Chaldéens ont accepté les conciles qui formaient alors la pierre d’achoppement christologique entre l’Église de Rome et l’Église d’Orient.

 

On ne peut donc pas dire que les Chaldéens sont devenus Chaldéens religieusement au XVe siècle, le moment de l’union avec Rome.

 

On ne peut non plus dire que les Chaldéens se sont convertis à un certain «courant chaldéen», car « chaldéen » réfère à l’identité des Chaldéens de Mésopotamie et non à un mouvement religieux du XVe siècle, comme on ose le prétendre.

 

Un fait simple qui peut clarifier ceci est le fait que si les Chaldéens sont synonymes de chrétiens catholiques, alors il y aurait déjà des chrétiens catholiques avant le Christ, ce qui est impossible.

 

Un fait est que l’alliance avec Rome au 15ème siècle a en effet apporté une division de l’Église de l’Est avec elle. A partir de cette période, il existait d’une part, la branche «Nestorien» ou mieux formulé la branche «non-catholique» de l’Église de l’Est et, d’autre part, l’Église catholique de l’Est.

 

Il est important de savoir ici que les chrétiens qui restaient nestoriens ont été étiquetés comme nestoriens chaldéens et les chrétiens qui étaient convertis au catholicisme comme chaldéens catholiques. Cela ne fait que confirmer que le nom chaldéen était une identité du peuple des chrétiens de l’Église d’Orient et non une identité religieuse.

 

Les raisons historiques ont été la base du choix d’inclure officiellement le nom chaldéens dans les livres d’histoire.

 

Le siège de l’Église de l’Est était à l’origine situé près de l’ancienne Babylonie, à Seleucia-Ctesiphon. Il y avait donc une population chrétienne considérable dans cette région.Les Chaldéens, cependant, n’avaient plus contrôlé la géographie depuis 539 av. et les grandes puissances telles que les Perses, les Arabes et les Ottomans ont toujours réprimé les sentiments nationalistes des groupes minoritaires, de sorte que le nom «Chaldéens» n’est plus inclus dans les livres d’histoire. Avec d’autres peuples qui s’étaient convertis au christianisme, ils étaient maintenant étiquetés comme chrétiens, un groupe minoritaire parmi les superpuissances. En conséquence, le caractère ethnique de l’identité chaldéenne a largement fusionné dans un caractère religieux (chrétien).

 

Les Chaldéens étaient également liés à la «magie» ou plus spécifiquement à la «sorcellerie», car ils étaient très occupés par l’astrologie. Cette association a donné un nom négatif aux Chaldéens.

 

Cependant, il n’a pas pu être établi que les chrétiens de la Mésopotamie «parlant le néo-araméen» ne pouvaient avoir de relations avec les anciens peuples mésopotamiens, car ils parlaient une langue directement liée à leurs ancêtres mésopotamiens.

 

Les Chaldéens n’ont donc aucune affinité avec les superpuissances (Perses, Arabes, Ottomans) en vertu de laquelle ils ont vécu pendant plus de deux mille ans et étaient logiquement associés aux Chaldéens de l’ancienne Mésopotamie.

 

Assyriens (Atorayé)

 

Souvent on entend que les chrétiens orientaux sont des Assyriens ethniques et simplement des Chaldéens de la foi. La vérité est très déshonorée lorsque nous menaçons de croire cette déclaration. Cette déclaration est le résultat du nationalisme assyrien du XXe siècle et doit être légèrement nuancée.

 

L’utilisation moderne du nom Assyrien a un fond géographique et archéologique au lieu d’une origine ethnique comme beaucoup de pensées modernes.

 

La réutilisation du nom Assyrien est le résultat des découvertes archéologiques au 19ème siècle. En 1840, des fouilles archéologiques ont été effectuées dans la région des plaines de Mossoul-Ninive en Irak[3]. Ici des découvertes spectaculaires ont été faites et le nom Assyrien dans ce domaine est devenu très attrayant.

 

Les chrétiens de Mossoul-Nineveh savaient aussi de la Bible qu’ils vivaient dans la région qui était autrefois l’Assyrie et cette région a donc été appelée «Ator» pour des raisons géographiques, traduction néo-araméenne de l’Assyrie. Les Arabes, cependant, ont appelé cela Al-Mawsil[4].

 

Les Nestoriens chaldéens de l’Église d’Orient, qui n’étaient pas convertis au catholicisme, étaient fermement convaincus pendant cette période qu’ils étaient Assyriens.

 

Les Britanniques y ont joué un rôle très important[5], non seulement avec les fouilles archéologiques qu’ils ont effectuées, mais aussi avec la mission de l’Église anglicane auprès des chrétiens «nestoriens». Ils ont appelé leur mission «mission aux chrétiens assyriens», parce que la dénomination nestorienne, contrairement aux Assyriens, était inconnue des Occidentaux et Nestorien avait un arrière-plan négatif.

 

Peu à peu le terme assyrien a été utilisé par les chrétiens «nestoriens» de l’Église d’Orient. A partir du XXe siècle, ce terme a été propagé par les nestoriens chaldéens nationalistes de telle sorte qu’il a acquis une grande réputation.

 

L’église de l’Est des Assyriens est née en 1976 après une scission de l’église nestorienne de l’Est. Cette scission était le résultat d’une torsion religieuse. A partir de là, il y avait d’une part la «vieille église de l’Est» et de l’autre part «l’église de l’Est des Assyriens».

 

 Assyro-Chaldéens

 

Le nom Assyro-Chaldéens est un terme collectif pour Assyriens et Chaldéens et est aujourd’hui principalement utilisé pour nommer la communauté chaldéenne à Paris.

 

Les Assyro-Chaldéens réussissent ainsi efficacement dans les deux groupes de population divisés et ne représentent pas un troisième groupe, ce que beaucoup pensent.

 

Ce terme, cependant, nourrit pour beaucoup la théorie erronée selon laquelle ‘Assyro’ signifie l’ethnicité et ‘Chaldéens’ la religion.

 

Cette théorie erronée fait également partie de la propagande assyrienne du XXe siècle et ne s’appuie pas sur des sources historiques ou religieuses.

 

C’est d’ailleurs une théorie tout à fait non logique, car alors les chrétiens appartenant à l’Église assyrienne d’Orient devraient être nommés assyro-assyriens, ce qui n’est pas le cas.

 

Malgré le fait que le nom d’Assyro-Chaldéens veut utiliser une dénomination unifiée, il est rarement conscient que cela exclut d’autres populations chrétiennes orientales, telles que l’Araméen (Syriaque Orthodoxe et Syro-Catholique), Melkite, Maronite etc.

 

Ces populations chrétiennes orientales partagent également largement le même contexte historique et ont le droit d’être incluses dans un terme collectif pour les chrétiens mésopotamiens.

 

 

[1] Frahm, E., A companion to Assyria, chapter 32: Assyrian Christians (by Butts Michael Aaron), John Wiley & Sons Ltd, Yale University, New Haven, US , 2017.

[2] Wilmshurst, D., The Martyred Church, A History of the Church of the East, East & West Publishing Ltd, Londen, 2011, 522 pages.

[3] Layard, A.H., Nineveh and its remains, The gripping journals of the man who discovered the buried Assyrian cities, Skyhorse Publishing, New York, 2013, 528 pages (initialement publié par John Murray (Londen) en 1849).

[4] Jozeph, J., The Modern Assyrians in the Middle East, Encounters with Western Christian Missions, Archaeologists, and Colonial Powers, Brill, Leiden, Boston, Keulen, 2000, 291 pages.

[5] Wigram, W.A., The Assyrians and their Neighbours, G.Bell & Sons, Londen, 1929, 247 pages.

Suraye ne signifie pas Ashuraye

Introduction

La théorie selon laquelle le terme néo-araméen «Suraye» vient du terme akkadien «Ashuraye» et sont donc des synonymes, est une théorie commune pour convaincre les chrétiens du Moyen-Orient, souvent appelés «Suraye» (Syriaque), qu’ils sont les descendants ethniques des anciens Assyriens.
Nous décrivons délibérément cela comme une «théorie», parce que cela n’a jamais été prouvé, car ça ne peut tout simplement pas être prouvé.
Il est également très étrange quels moyens sont utilisés pour rendre cette théorie « acceptable ». Les gens vont si loin que l’histoire, telle qu’elle est connue et adoptée aujourd’hui, est retournée pour être réécrite avec de telles nouvelles théories. Cela s’accompagne souvent d’un manque de respect pour les identités nationales et les faits historiques.

Origine du nom ‘Suraye’ pour les chrétiens du Moyen-Orient

L’origine de ce nom peut être trouvée dans les zones géographiques ecclésiastiques.

«Suraye» ou «Syriens» est un terme utilisé pour désigner les chrétiens du Moyen-Orient qui appartiennent aux Églises syro-liturgiques, où «syrien» succède à la «Syrie» géographique. Ces chrétiens utilisent également ce terme très souvent comme une référence aux chrétiens en général.

Cela ne signifie pas que tous les ‘Suraye’ proviennent du pays géographique ‘Syrie’, parce que les chrétiens de Beth Nahrain (= Mésopotamie) sont aussi appelés ‘Suraye’, car indépendamment de leur appartenance ethnique ils font aussi partie de la liturgie syrienne patrimoine.

En fait, cette «Suraye» appartient à l’église mère originelle d’Antioche , d’où la liturgie syrienne est originaire.

Antioche était un patriarcat et la capitale de la province romaine de «Syrie». Toutes les Eglises de cette province romaine de Syrie y appartenaient. L’Église de l’Est, dont le siège se trouvait dans le sud de la Mésopotamie, appartenait également à ce patriarcat durant les 5 premiers siècles après Jésus-Christ.

Parce qu’Antioche, en tant que patriarcat, était géographiquement dans la région de la Syrie, cette église et sa liturgie étaient appelées syriaque et tous les chrétiens qui lui appartenaient étaient des Syriens (Suraye). Les noms des langues ‘Suryoyo’ et ‘Sureth’ en sont également dérivés.

Lorsque les chrétiens emploient le terme Suraye, ils ne se réfèrent pas aux habitants du pays ou de la région de Syrie, mais plutôt aux chrétiens appartenant aux Églises syro-liturgiques et souvent aussi aux chrétiens en général.

Ce fait montre déjà que le nom néo-araméen «Suraye» a grandi à partir d’un arrière-plan religieux et il est donc impossible de se rapporter à un nom ethnique.

Aujourd’hui, ce terme est rarement utilisé dans les langues occidentales pour désigner ces chrétiens en tant que groupe, parce que cela crée une confusion avec les Syriens modernes (habitants de la Syrie). En raison de cette confusion, le terme syriaque est également utilisé pour ces chrétiens, de sorte qu’ils peuvent être distingués des habitants du pays de la Syrie. Ces chrétiens eux-mêmes utilisent habituellement les termes Suraye, Suryaye ou Suryoyo dans leur langue maternelle.

De plus, cette théorie contredit le terme actuel ‘Atoraye’. ‘Atoraye’ est le terme néo-araméen pour ‘Assyriens’ et a eu une signification géographique avant le christianisme. Atoraye est dérivé d’Ator et ne signifiait rien de plus qu’un habitant d’Ator. Géographiquement, cela a toujours été convenu avec la ville de Mossoul (au nord de l’Irak). Là où les Arabes l’ont appelée Al-Mawsil, les Suraye l’ont appelée ‘Ator’, parce qu’elle était localisée près de l’ancienne Assyrie (ce qui était connue de la Bible). Si nous devons croire à cette théorie de la corruption, il faut plutôt parler de ‘Toraye’ que de ‘Suraye’, ce qui n’est clairement pas le cas.

Histoire de la Syrie et de l’Assyrie géographiquement

Si ‘Suraye’ est dérivé ou est encore plus synonyme de ‘Ashuraye’, la ‘Syrie’ géographique serait égale à la ‘Assyrie’ géographique.

Que ce soit juste l’absurdité de cette théorie, car avec cette théorie nous concluons que le pays Syrie n’a jamais existé dans les temps anciens et cela faisait référence à ‘Assyria’, parce que le « A » aurait disparu à partir du 7ème siècle avant JC.

Le fait est qu’il est impossible d’adopter cette théorie, parce qu’à travers l’histoire il y avait à la fois la Syrie et l’Assyrie, chacune ayant ses propres racines en termes de nom. Cette fausse théorie contredit non seulement tous les atlas historiques, mais aussi le célèbre ouvrage ‘Les historiens d’Herodotus’ , connu comme le «père de l’histoire».

Les nationalistes assyriens du XXe siècle ont à tort fait référence à Hérodote comme s’il n’avait fait aucune distinction entre les termes «syriens» et «assyriens». Cependant, la recherche montre qu’Hérodote a utilisé consciemment et systématiquement ces deux termes séparément .

Géographiquement, ces zones ne correspondent pas non plus. Il y a eu une période où la région de la Syrie est tombée sous le pouvoir de l’Empire assyrien, mais c’était le cas avec d’autres grandes puissances telles que l’Empire babylonien, l’Empire perse, l’Empire romain, etc.

Le pays Syrie existe encore aujourd’hui comme la Syrie et n’inclut pas l’ancienne «Assyrie», qui est présente dans le nord de l’Irak actuel.

De plus, il est remarquable que cette théorie n’ait été écrite par aucun historien jusqu’à la fin du 19ème siècle et par conséquent il n’y a aucun livre ou atlas historique aujourd’hui qui puisse la confirmer.

C’est à partir du 20ème siècle que cette théorie a été utilisée, pas par coïncidence le siècle du nationalisme assyrien moderne .

La théorie « A » supprimée

Nous avons déjà lu dans cet article pourquoi les chrétiens du Moyen-Orient s’appellent ‘Suraye’ et que la Syrie géographique n’est pas égale à l’ancienne ‘Assyrie’ géographiquement.

Pourquoi cette fausse théorie a été utilisée est également claire, maintenant il y a la question de savoir comment on est arrivé à l’idée d’utiliser cette théorie.

Puisque Suraye était un terme bien connu parmi les chrétiens du Moyen-Orient et que seulement un «A» devait être utilisée pour obtenir le terme Ashuraye, il était très attrayant pour les nationalistes assyriens du 20ème siècle de créer une théorie pour cela.
Cette théorie tenait au fait que les anciens Assyriens ne prononceraient plus la première lettre «A» de leur nom et qu’elle serait prononcée en tant que Syriens. Cela expliquerait aussi que tous les chrétiens qui s’appellent ‘Suraye’ sont en fait des descendants des vieux ‘Ashuraye’.

On ne pouvait pas inventer une meilleure théorie que celle-ci pour convaincre ces gens d’un lien ethnique avec les anciens Assyriens.

Les anciens Assyriens ont-ils vraiment laissé tomber le ‘A’ dans leur prononciation? En fait, cela n’a jamais été prouvé et cette théorie repose sur des convictions personnelles et des arguments infondés d’une poignée d’auteurs.

Il est remarquable que ce sont tous des écrivains dont les travaux remontent au 20ème siècle. L’argumentation que ces auteurs utilisent n’est pas entièrement véridique et montre souvent que les gens sont sélectifs dans l’utilisation des sources. Par conséquent, l’argumentation est réfutée par d’autres universitaires .

Arguments linguistiques

On essaie de renforcer la théorie « A » supprimée par des arguments linguistiques comme décrit ci-dessous.

Au 7ème siècle, les anciens Assyriens auraient eu l’habitude d’omettre des voyelles sans tonalité et même des syllabes entières au début d’un mot. Cela expliquerait que le terme «assyrien» avait déjà une version plus courte au 7ème siècle, à savoir «syrien» . En d’autres termes, même dans la période où l’Empire assyrien était au pouvoir, on parlait que de Syriens et non plus d’Assyriens.

Dans les textes araméens écrits, la première lettre « A » serait munie d’un signe au-dessus, de sorte que cette lettre ne serait pas prononcée, à la suite de laquelle elle est lue comme Shuraya . L’omission de la première voyelle dans un mot serait même un phénomène répandu dans de nombreuses langues .

Beaucoup de questions, peu de réponses

La théorie «A» supprimée, apporte de nombreuses questions avec des réponses difficiles à trouver.

Il est remarquable de voir comment on peut prétendre qu’un peuple aussi puissant que les Assyriens omettrait la première lettre de son nom pour une raison inconnue.

On peut avoir beaucoup de réserves. Pourquoi ont-ils laissé tomber la première lettre de leur nom après tant de siècles? Était-ce soudainement trop difficile de prononcer la lettre A? Pourquoi on supprimait pas la première lettre A d’autres mots ou pourquoi seulement la lettre A dans ce cas?

Ce phénomène est appelé «corruption d’un mot», un phénomène dans lequel un mot a beaucoup changé au cours du temps. Cela commence généralement inconsciemment dans la langue parlée et s’étend à la langue écrite. En verbalisant des mots, on oublie la signification originelle et aussi la forme du mot.

Comment est-il possible que l’on permette de corrompre un nom aussi important? Assyrien est en fait dérivé du dieu Assur, qui était adoré par les Assyriens. Permettre que le nom d’un dieu central soit corrompu semble plutôt invraisemblable et improbable.

Supposons maintenant que le nom assyrien a été corrompu au nom syrien. Comment se fait-il que le terme «syrien» ne soit utilisé que pour la partie occidentale du Tigre (voir la Syrie actuelle sur la carte) et non pour la partie orientale, alors que le centre de l’ancienne Assyrie (Assur) se trouvait ici?
En fait, les ‘Suraye’ (chrétiens syriens) d’aujourd’hui se sont soudainement rendus compte qu’ils avaient oublié d’utiliser la lettre « A » pendant plus de 2500 ans et qu’ils ont vécu dans l’ignorance tout le temps qu’ils sont réellement « Ashuraye » (Assyriens) )? Ces ancêtres étaient-ils ignorants depuis 25 siècles et ces écrivains du XXe et du XXIe siècle savaient-ils mieux?

Si tout le temps le terme «Suraye» est utilisé, pourquoi devrions-nous changer cela en «Ashuraye» aujourd’hui, parce que, après tout, ce sont les Assyriens eux-mêmes qui ont omis la première lettre?

Ces auteurs utilisent souvent l’argument selon lequel les Grecs, qui ont déjà été en contact avec le Moyen-Orient au 7ème siècle avant JC, ont utilisé le terme Syrie sachant que c’était l’abréviation du terme «Assyrie». Il est cependant remarquable que les Grecs aient utilisé à la fois les termes Syrie et Assyrie, puis séparément.

Résumé

Si nous regardons tout du bon contexte, nous remarquons que cette théorie est une théorie linguistique. En d’autres termes, une théorie basée sur un changement d’orthographe et de prononciation.

Nous pouvons conclure que cette théorie linguistique a été réalisée au 20ème siècle pour montrer une affinité ethnique avec un peuple ancien, à savoir les Assyriens.

Cette théorie est également utilisée uniquement pour les chrétiens syriens (Suraye) et non pour les Syriens actuels (habitants de Syrie). Cela seul est la preuve que l’on travaille de manière sélective et qu’on a d’autres motifs lorsqu’on utilise cette théorie.

Même si le terme Syrie tire son origine de l’Assyrie, cela ne signifie pas que tous ces habitants sont des descendants des anciens Assyriens, car s’il n’y avait que des Assyriens vivant en Mésopotamie et dans ses environs, l’Empire assyrien n’aurait jamais péri.

Le nationalisme assyrien

Introduction

 

Le nationalisme assyrien[1] est un phénomène qui a commencé dans la seconde moitié du 19ème siècle et a connu une grande avancée au cours du 20ème siècle.

Ce mouvement nationaliste a été le résultat d’une aspiration à une conscience nationale pour les chrétiens du Moyen-Orient. Cependant, la réutilisation du nom ‘Assyrien’ a causé beaucoup de discussion et de confusion au sein des communautés chrétiennes en Mésopotamie.

Les cas qui ont conduit à la réutilisation de ce nom historique doivent être considérés dans leur contexte, en tenant compte des circonstances historiques de cette période.

 

Contexte historique de la réutilisation du nom ‘Assyrien’

 

A partir du 15ème siècle après Jésus-Christ, le nom national des Chaldéens a été officiellement repris pour les chrétiens de l’Église d’Orient (Eta d’Mèdenha). Un nom national lié à la situation géographique de l’Église de l’Est (sud de la Mésopotamie) et aux ancêtres mésopotamiens de ces chrétiens.

Il est remarquable qu’ils étaient tous appelés Chaldéens et pour faire une distinction on appelait les chrétiens qui étaient catholiques ‘Chaldéens’ ou ‘les Chaldéens catholiques’ et ceux qui ne s’étaient pas convertis au catholicisme étaient appelés ‘les Chaldéens nestoriens’ [2].

Il est important de savoir que les Chaldéens nestoriens se sont également identifiés comme des Chaldéens. Il n’y avait aucune mention du nom ‘Assyriens’.

Cependant, cela a changé avec les fouilles archéologiques du milieu du 19ème siècle à Mossoul-Ninive. Le Britannique Austin Henry Layard a eu une large part dans ces fouilles avec la découverte de choses spectaculaires de l’époque de l’Empire assyrien. Le nom ‘Assyriens’ a ainsi été ramené à la vie. Austin Henry Layard parle dans son livre Ninive et ses restes[3] exclusivement sur les Chaldéens et les Chaldéens nestoriens, avec lesquels il se référait aux chrétiens de l’Église d’Orient, y compris le groupe non-catholique. Aussi William Francis Ainsworth, l’explorateur du 19ème siècle, est entré en contact avec les chrétiens de l’Église d’Orient et utilise dans son livre le nom ‘Chaldéens’ exclusivement pour se référer à ces chrétiens[4].

Ces sources en soi montrent qu’il n’y avait aucune mention du terme ‘Assyriens’ et que la mission archéologique de Henry Layard était le début réel du nationalisme assyrien.

Les missions de l’Église d’Angleterre[5] ont également eu une influence majeure sur la réutilisation de ce nom historique. Ils appelaient leurs missions aux Chaldéens nestoriens ‘la mission aux chrétiens assyriens’, où ‘Assyrien’ réfère à la position géographique (l’ancienne Assyrie).

Initialement ce nom était utilisé pour les chrétiens dans la région de Mossoul-Ninive, mais grâce à l’influence et à la propagande de l’Église d’Angleterre[6], les Chaldéens nestoriens adopteraient le nom ‘Assyrien’ et le nom ‘Chaldéen’ perdait peu à peu son caractère national. On continuait à utiliser ce nom que pour les Chaldéens catholiques.

 

Viser la conscience nationale

 

La conséquence de la réutilisation du nom d’Assyrien a cependant conduit à une campagne nationaliste dans laquelle les chrétiens «assyriens» se sont efforcés d’utiliser le nom d’Assyrien comme terme collectif pour désigner tous les chrétiens orientaux appartenant aux Églises liturgiques syriennes. Les chrétiens assyriens devenaient, pour ainsi dire, des Assyriens chrétiens.

Ils ont fait cela pour convaincre tous ces chrétiens d’une identité assyrienne, dans laquelle ils voulaient prouver le lien ethnique avec les Assyriens de l’ancien empire assyrien. Beaucoup de chrétiens mésopotamiens (principalement les Chaldéens nestoriens) ont été donc convaincus de cette fausse théorie.

Ce nationalisme assyrien s’est accompagné d’une propagande agressive dans laquelle des sources historiques ont été manipulées et des faits historiques inventés[7].

Toutes sortes de théories ont été envoyées dans le monde pour renforcer cette propagande comme la théorie largement répandue qui nous dit que le nom ‘Suraye’ vient d’Ashuraye, où le ‘A’ n’aurait pas été prononcé depuis plus de 2500 ans.

Les nationalistes assyriens affirment aussi que les Chaldéens ou les Araméens sont des Assyriens ethniques et qu’ils sont simplement Chaldéens ou Araméens en matière religieuse.

Aussi les découvertes archéologiques à Ninive (Irak) d’Austen Henry Layard prouveraient en soi que tous les chrétiens mésopotamiens sont des Assyriens ethniques.

Outre le fait que ces théories sont fausses et résultent d’une histoire manipulée, nous pouvons également conclure que ces fausses théories sont créées avec un grand manque de respect pour les événements historiques et les identités des peuples.

Les conséquences de ce nationalisme assyrien se font encore sentir aujourd’hui au 21ème siècle sous la forme d’un conflit de noms et les discussions, qui en ont résulté, ont séparé les gens et les communautés du christianisme oriental.

 

 

[1] Frahm, E., A companion to Assyria, chapter 32: Assyrian Christians (by Butts Michael Aaron), John Wiley & Sons Ltd, Yale University, New Haven, US , 2017.

[2] Jozeph, J., The Modern Assyrians in the Middle East, Encounters with Western Christian Missions, Archaeologists, and Colonial Powers, Brill, Leiden, Boston, Keulen, 2000, 291 pages.

[3] Layard, A.H., Nineveh and its remains, The gripping journals of the man who discovered the buried Assyrian cities, Skyhorse Publishing, New York, 2013, 528 pages (initialement publié par John Murray (Londen) en 1849).

[4] Ainsworth, W.F., Travels and researchers in Asia Minor, Mesopotamia, Chaldea and Armenia, John W. Parker, West Strand, Londen, 1842, 364 pages.

[5] Coakley, J.F., The Church of the East and the Church of England, A History of the Archbishop of Canterbury’s Assyrian Mission, Clarendon Press, Oxford, 1992, 432 pages.

[6] Wigram, W.A., The Assyrians and their Neighbours, G.Bell & Sons, Londen, 1929, 247 pages.

[7] Wilmshurst, D., The Martyred Church, A History of the Church of the East, East & West Publishing Ltd, Londen, 2011, 522 pages. Page 413-416 ‘The Assyrian Identity’