L’étoile de l’Eglise chaldéenne

L’Église d’Orient des Chaldéens utilise un symbolisme séculaire dont les significations historiques ne sont pas toujours claires pour tout le monde. Un fait regrettable, car derrière les symboles se cachent des éléments culturels très précieux qui ont souvent constitué la base de notre pensée, de notre foi, de nos traditions, etc.

Dans cet article, nous traitons l’étoile que l’Église chaldéenne utilise comme marque de fabrique. L’étoile que nous voyons dans de nombreuses églises est à l’origine un symbole païen qui remonte à l’époque de la Babylone antique.

Image 1: Tablette de Shamash

Cette étoile est représentée sur la « tablette de Shamash » (voir image 1), une tablette de pierre fouillée en 1881 par Hormizd Rassam dans le sud de l’Irak. Le site de la découverte archéologique correspond à l’ancienne ville babylonienne de Sippar et daterait du VIIIe siècle avant J.-C.

La tablette de shamash est exposée aujourd’hui au British Museum. Shamash, (sureth : ‘shemsha’) était connu comme le dieu du soleil dans les temps anciens et l’étoile symbolisait le soleil. Mais pourquoi l’Eglise chaldéenne utilise-t-elle cette étoile?

Pour répondre à cette question, nous revenons à l’histoire des « trois magiciens », également appelés « les trois sages » ou « les trois rois », qui avaient suivi l’étoile pour rendre visite à l’enfant Jésus.

Selon l’évangile de Matthieu (2, 1-12), ces trois magiciens venaient de l’est, en référence à la Mésopotamie (Beth Nahrin).

Image 2: logo patriarcat chaldéenne

Ces trois personnes étaient associées à la magie, d’où le terme de « magiciens » ou « sages », car elles étaient engagées dans l’astronomie (l’astrologie) et y avaient acquis un certain savoir.

Cet argument, ainsi que l’origine géographique des trois magiciens, indiqueraient que ces hommes étaient des Chaldéens, puisque les Chaldéens étaient également connus comme astronomes et étaient aussi appelés magiciens.

C’est pourquoi l’Église chaldéenne utilise l’étoile comme symbole. Le blason (logo) du patriarcat chaldéen représente également ces trois magiciens avec une étoile lors de la visite à l’enfant Jésus (voir photo 2).

L’Église d’Orient a choisi l’étoile, qui est représentée sur la « tablette de shamash », en raison de son lien avec l’Antiquité.

 

 

Explication sur l’utilisation des symboles païens au sein de l’Église, écrite par Nas David

 

Image 3: église chaldéenne à Mardin, en Turquie

La raison pour laquelle ce symbole païen à l’origine est toujours valable aujourd’hui est que de nombreux symboles et coutumes païens ont été christianisés au cours des premiers siècles. Pensez, par exemple, à l’arbre de Noël ou à certains termes hellénistiques utilisés par les apôtres dans leur proclamation pour rendre le christianisme compréhensible. Les premiers apologistes ont également utilisé des termes et des idées grecques (et donc païennes) pour faciliter leur proclamation. Par exemple, saint Justine le Martyre a mis en œuvre le concept grec de « Logos » – selon lequel le « Logos » est l’origine et le principe de toute chose – dans le prologue de l’Évangile de Jean pour désigner le Christ comme le « Logos » éternel, qui est traduit en français par « Verbe », bien que ce terme français ne fasse pas directement référence au « Logos » grec d’origine.

De la même manière, nous pouvons dire que le soleil (Shamash) désigne également le Christ comme la lumière du monde.

Ainsi, les symboles païens et les notions hellénistiques ont souvent été « purifiés ».