Six contrevérités sur les Chaldéens

 

  1. L’identité chaldéenne a été imaginée ou inventée.

Un dictionnaire explicatif général nous enseigne que les verbes « imaginer » et « inventer » signifient que l’on invente ou imagine quelque chose de nouveau. Les Chaldéens sont un peuple sémitique de Mésopotamie dont les racines remontent à la préhistoire. Les « nationalistes assyriens » devraient le savoir, car c’est Nabopolassar, un roi chaldéen, qui mit fin à l’empire assyrien en 612 av. Aucun historien qui se respecte ne niera l’existence historique des Chaldéens en tant que peuple ethnique, car cela reviendrait à nier la lumière du soleil.

 

  1. Le nom chaldéen est un nom religieux.

L’Église catholique chaldéenne est une église en union avec Rome, et cette église maintient son propre rite chaldéen. Ce rite trouve ses origines dans l’Église d’Orient. Les Chaldéens professent une foi catholique et non une soi-disant « foi chaldéenne ». Le terme Chaldéen ne fait donc pas référence à une croyance religieuse, mais désigne un peuple ethnique qui existe encore aujourd’hui. Par exemple, le terme « grec » de l’Église orthodoxe grecque n’est pas un nom religieux, mais une référence à l’origine ethnique des Grecs. Les différentes confessions sont communément appelées catholiques, orthodoxes, protestantes, coptes, etc.

 

  1. Un Chaldéen est un Assyrien appartenant à l’Église catholique chaldéenne.

Compte tenu de ce que nous avons écrit dans la deuxième affirmation, il est clair que « Chaldéen » est un terme qui désigne un peuple et non une religion. Si l’on peut faire une distinction au niveau ethnique, on peut conclure qu’il est absurde qu’une personne puisse avoir deux ethnies, car une ethnie est une identité socioculturelle d’un certain groupe de population.

 

  1. Chaldéen est une désignation donnée par Rome au XVIe siècle aux catholiques convertis de l’Église d’Orient.

 

On ne peut pas nommer quelque chose ou quelqu’un qui existe déjà (voir affirmation numéro 1). Il est plus exact de dire que le nom Chaldéens était utilisé pour identifier les convertis catholiques de l’Église d’Orient. C’est pour la simple raison qu’ils se sont identifiés ainsi, sinon ils ne l’auraient pas accepté. La langue qu’ils parlaient s’appelait le chaldéen. Les chrétiens qui n’étaient pas devenus catholiques s’appelaient aussi Chaldéens jusqu’au début du XXe siècle. Ce n’est qu’au XXe siècle que le terme « Assyrien » a été réintroduit pour désigner un peuple, pour des raisons politiques.

La question logique que nous devrions poser aux nationalistes assyriens est la suivante : pourquoi ne se sont-ils pas appelés Assyriens au XVIe siècle si c’est ce qu’ils étaient de toute façon ? Ne savaient-ils pas qu’ils étaient Assyriens et ne l’ont-ils découvert que 2 500 ans après la chute de l’empire assyrien ?

 

  1. Les Chaldéens vivaient au sud de la Mésopotamie et les Assyriens au nord.

 

Il s’agit d’une théorie pratique que les « nationalistes assyriens » utilisent pour montrer que les chrétiens orientaux vivent dans le nord de la Mésopotamie (nord de l’Irak, sud-est de la Turquie) et ne peuvent en aucun cas être chaldéens.

Nous allons considérer tous les chrétiens d’Orient qui appartiennent à l’Église historique d’Orient. L’Église d’Orient a des racines géographiques dans le sud de la Mésopotamie (plus précisément dans l’ancienne Séleucie-Ctésiphon, près de l’ancienne Babylone et de l’actuelle Bagdad). Le siège de cette Église était situé dans cette ville dans les premiers siècles après le christianisme. Tous les chrétiens orientaux appartenant à cette Église formaient un seul peuple possédant une langue commune, répandu dans toute la Mésopotamie.

Il est donc impossible de dire qu’il y a eu une distinction fondée sur la géographie. De plus, il y a eu plusieurs moments dans l’histoire où ces chrétiens ont fui vers d’autres endroits de la région mésopotamienne à cause des persécutions. Les arguments géographiques postérieurs au christianisme sont inutiles à cet égard.

En savoir plus à ce sujet dans l’article: Chaldeéns en Mésopotamie du Nord

 

  1. Le terme « Suraye » vient de « Ashuraya ».

Ceci vise à montrer que tous les chrétiens du Moyen-Orient, connus sous le nom de « Suraya », sont des descendants ethniques des anciens Assyriens. Le terme « Suraye » fait référence aux chrétiens orientaux qui appartenaient à l’origine à l’église mère d’Antioche (alors située dans la province romaine de « Syrie ») et n’a donc rien à voir avec l’ancien empire assyrien. La zone assyrienne et la zone syrienne sont distinctes. De plus, la ville d’Assyrie ne se trouvait pas dans la région que nous appelons la Syrie. Les deux domaines sont toujours mentionnés séparément dans les livres d’histoire.

En savoir plus à ce sujet dans l’article: Suraye ne signifie pas Ashuraye

 

Conclusion

Chaque historien est libre de formuler n’importe quelle affirmation historique, mais après avoir formulé une affirmation, celle-ci doit être étayée par des preuves acceptables. L’historiographie est un travail délicat et analytique dans lequel on tente d’arriver à un récit de faits. Il faut considérer toutes les sources dans leur ensemble. Si nous omettons ici et là, à notre guise, quelques siècles ou retirons des textes hors de leur contexte, alors nous n’écrivons pas l’histoire mais nous falsifions l’histoire. Des motivations politiques jouent souvent un rôle à cet égard. C’est clairement le cas du nationalisme assyrien apparu après la Première Guerre mondiale.